vendredi 19 septembre 2014

Une rivière nommée Fureur

Il reversa une fois de plus la fiole et gronda alors que Caitlin suivant des yeux le Seigneur aux mains tremblantes.

- Vous devriez vous reposer et me laisser faire, Lord Hawthorn. Expliquez moi ce que vous faites.
- Cela ira, je préfère m'en occuper moi même.
- Seigneur, vous en êtes à la vingtième fiole détruite, sans compter l'alambic fendu et  les …
- JE vous paiera, Grassman gronda-t-il, la coupant, les yeux luisants de rouge.
- Là ... ce n'est pas la question Seigneur. Vous n'êtes pas dans votre état normal.

Son état normal. Qu'en savait-elle, cette rebouteuse, avec ses pieds dans la boue encore détrempée de Menethil. Il se calma. Fit taire les Murmures. Caitlin est une brave femme. Il songea à la réaction de Leanor quand il évoqua le laboratoire de la savante. Un brin de jalousie curieuse. Le sorcier soupira.

- Seigneur, laissez moi vous aider. Elle était toute proche de lui, la main posée à plat dans le dos du Lord.
- Pilez les feuilles de Gromsang et distillez deux mesures de Terrestine et ajoutez le jus des Grangrelettes.
- Seigneur c'est là un mélange fort ... excitant.
- JE SAIS, MERCI. Il se redressa.
- Excusez moi. L'alchimiste suivit donc les indications du Maître-Alchimiste sans plus poser de questions.

Il c'était endormi en attendant l'émulsion. Caitlin Grassman soupira, se détendant un peu. La présence du Seigneur la tendait mais quelque chose en lui le rendait touchant. Il était au bord d'un précipice, elle le sentait. Elle était fière d'avoir lever quelque peu sa charge un instant. Elle posa une couverture sur le gilnéen endormi. Il n'avait pas, visiblement un sommeil paisible mais c'était là au moins du sommeil. Elle avait compris l'usage de la potion et vu la quantité fournie, le Seigneur de Roncesang se préparait à de longues périodes de veille. Qu'est-ce qui poussait un homme à faire cela ? Elle soupira en songeant que ce put être une chose romantique mais doutait fortement que ce sombre personnage fut capable de ce genre de chose. Elle était persuadé qu'il préparait un rituel inquiétant ou autre expérience à la limite du légal. Pourtant, elle le regardait, endormi et s'imaginait avoir mal jugé ce noble en exile qui trafiquait on ne savait quoi dans la Norfendre. Alors qu'elle s'approchait pour le le regarder, le jauger, toute proche du visage en sommeil, sentant le souffle lent du seigneur sur ses lèvres, elle sursauta.

- Que faites vous ? Deux yeux rouge-bubis la fixaient.
- Je … Je venais vous réveiller, Seigneur. Le rouge aux pommettes, le cœur battant.
- Voilà qui est fait donc ! Il ne fallait pas me laisser dormir !

Il se redressa, prenant la femme par la taille pour la décaler car elle lui bloquait le passage. Il alla inspecter la préparation en ronchonnant qu'il n'avait que trop dormi ! Alors que déjà il transvasait des doses dans des fioles robustes, il demanda un tonnelet pour le reste. La femme dit qu'elle devait allez voir à l'auberge et il gronda qu'elle fasse, et vite. Elle s'exécuta, n'osa même pas discuter les ordres du noble avec la perspective heureuse de quitter la pièce où il se trouvait. Une fois qu'elle eut quitter son laboratoire, Dorian vida deux doses de la potion. Il frissonna en se sentant en pleine possessions de ses capacités et savait qu'il ne s'endormirait plus avant quatre ou cinq jours.

- J'arrive mon cœur … j'arrive !

Une fois le tonnelet remplis, le Seigneur de Roncesang commanda à Caitlin d'en préparer un second qu'il passerait ou enverrait prendre sous 24h. Il lâcha une bourse forte de 25 pièces d'or, bien trop mais il esquissa un petit sourire triste en murmurant que ce n'était pas assez en fait quand elle lui en fit la remarque. Elle n'oserait jamais demander ce qui se passait mais elle avait alors sentit dans son cœur de femme que c'était sans aucun doute tragique et romantique : c'était gilnéen ! Elle en fut un peu jalouse que de ne vivre rien de tel dans sa hutte inondée mais plus jamais elle ne regarderai le Seigneur de Roncesang de la même façon. C'était en fait un prince noir!

Pourtant la vie n'est pas un roman ! Du moins pas pour les gens du commun. Pour Dorian Hawthorn de Roncesang, cela était sans doute différent ! Maintenant grondait en lui le torrent devenant rivière qui serait un fleuve. Il sentait la vague en lui, la Fureur. Il allait être un raz-de-marée qui emporterait chaque papillon Tel'amar pour pour reprendre Leanor et la déposer sur les berges de leur amour. Il serait implacable.

Amère victoire

Amère victoire. Dorian faisait tourner le cristal entre ses doigts sombres. Il espérait sans doute une révélation sans n'avoir nul effort à faire. Au prix où tous avaient payé cette nouvelle clef, c'était là bien assez. Il avait préféré aller à la tour, dans son bureau pour travailler. Leanor comme tous les Traque-nuit ou presque était en deuil. Il irait la revoir plus tard. Le sorcier ne douta pas que déjà, comme la nièce du Redresseur de Torts le lui avait lancé au visage, on le traite de lâche. C'est là le lot de survivants. Ils sont toujours le lâche de ceux morts en héros. Dorian était certain lui d'avoir agit pour le mieux. Il ne pouvait pas prendre Amir par le bras pour le tirer dans la portail. Le draenei était trop loin. 

Dorian soupira. Comme à chaque fois après ces affrontements, il avait presque honte d'être content d'avoir avancé. Honte d'être heureux aux cotés de sa compagne. Il était heureux malgré tout. Heureux malgré la certitude de faire longtemps encore ce cauchemar d'une Leanor exécutée d'une balle dans la tête. Heureux malgré l'impression qu'ils avaient aidé Mendar à se débarrasser d'un poids encombrant plutôt que de l'avoir ralenti. Heureux malgré la mort d'Amir qui le rongeait de culpabilité. Heureux malgré les dangers encore, et les incertitudes.

On lui avait dit que par le portail, seule la tête et l'épine dorsale du draenei avait-été balancée. Macabre. On lui avait dit que Kana' avait survécu en suivant de près le sorcier. Serait-elle aussi une lâche ? Mendar était plus puissant que jamais. Dorian l'avait senti. Il fallait partir. Ou était-il vraiment égoïste et lâche, avec sa clef et sa petite Leanor à l'abri ? Il eut été plus honorable de tous mourir aux mains du Seigneur Pourpre. Leanor aurait pu pleurer tout le monde, avec un peu de chance elle en mourrait de chagrin et de culpabilité pour faire une belle histoire à raconter à personne vu que tous seraient morts. Macabre. Il frissonna. Ces idées étaient aussi l'oeuvre du sin'dorei, sans coup férir. Semer le doute, voir la discorde. Le Seigneur de Roncesang voyait clair dans ce jeu mais qu'en penseraient les autres. Leanor le pensait-elle lâche ? Leanor supporterait-elle de nouvelle tensions entre lui et les traque-nuit ? Il prendrait sur lui, se laisserait traiter de lâche. Il accepterait même que Meleth le balafre. Il songea à son entaille à l'épaule. Pas une blessure anodine que la faux de Leanor. Même si ce n'était pas vraiment elles.

Dorian grimaça. Il n'en avait parlé à personne, de cette douleur à l'épaule. Ce serait son fardeau. Au moins sa chair se souviendrait d'Amir. Il avait failli mourir lui aussi mais personne n'en avait eut sans doute conscience. Sorcier, worgen et initié à la Voie des Roses, la magie faisait partie intégrante du noble gilnéen. Sans magie, il n'était qu'ombre, nuit, noirceur et mort. Il se serait sans doute fondu dans le Néant si quelque chose n'avait fait qu'il ne fut plus dans la bulle de vide. Cela avait été pire que le brassard d'Alice même. Toutes ses pensées avaient filer vers Leanor. Il demandait pardon. Il échouait. La douleur de la crevasse à son épaule lui rappela qu'il était vivant. Seuls les vivants souffrent.

Amer. Heureux. Macabre. Souffrant.

Et le visage baignée de lune de sa jeune promise. Et cette petite voix confiante toujours à son oreille quand il doute : Tout ira bien mon amour !

Oui, disait-il toujours.

Raz-de-Marée

Ce n'est qu'une intuition. Il se répétait cela sans cesse. Il le répétait aux autres. Cette idée avait au moins le mérite d'exister. Il avait l'impression d'être le seul à proposer des idées, bien que cela vienne sans doute du fait que les idées de Traque-nuit ou des Hadatti ne lui fussent pas communiquées. Communiquer avec un allié n'était pas le point fort de ces gens-là. Lui même ne prenait la peine de le faire que pour l'amour de Leanor, et par respect pour certain des gens qu'il y avait rencontré. On avait beau lui dire qu'il faisait par trop d'analogie avec l'homonyme félidé de Sombrivage, il ne faisait aucun doute que ces gens-là étaient des chasseurs solitaires. Pas une harde, moins encore une meute. Et somme toute lui était de fait solitaire de fait. Il fit jouer le pétale de rose figé qui tenait lieu d'aiguille à la boussole que lui avait fabriqué en un rien de temps sa sœur. Elle s'était démenée la bougresse, à en prendre Dorian de court. Un vague soulagement fier lui parcouru l'échine. Il y avait quelque chose à tirer d'Elyssae, il l'avait toujours sut. Restait à voir comment l'intéresser au monde que Lady Leanor et Lord Dorian voulaient construire. Elle ne se sentait d'aucune famille. Il soupira. La famille. Un concept si large et si précis pourtant. Parfois, il rêvait simplement de prendre Leanor et de partir rien qu'eux deux dans la maison de Pandarie. Lui comme elle ne le supporteraient qu'un temps. Nés pour diriger l'un comme l'autre. Et puis il ne s'entraînait pas aux maniement des lames et secrets des Marches-nuit pour rien. Un sourire fin étira ses lèvres, remontant ses babine pour dénuder un instant ses crocs étincelants. Il se pencha, du haut de son perchoir sur les remparts d'Algarde, embrassant la ville du regard, humant les embruns iodés. Tout irait bien, oui. Ce n'était qu'une mission d'information. Qu'une vérification d'un intuition, une première approche.

***

Ceci n'est pas un échec avait affirmé Meleth. Tu parles ! Et pour le coup, il se sentait plus que responsable. Maudit Noventa. Les mots de Crywen résonnait à ses oreilles : vous ne savez pas vous entourer. Il gronda, cherchant le réconfort de la chaleur de sa compagne. Il y avait eut des cafouillages à n'en plus finir durant toute cette expédition. Déjà à la porte, il apprenait déjà qu'on avait omis de lui donner pas mal d'informations au sujet des manaforges. Qu'il y avait un plan dont on l'avait exclu. Dorian grommelait déjà en constatant le retard de Noventa. Il se gardait de tout commentaire en apprenant que Keniel était chef d'expédition et que c'était pourtant Tae'lli qui parlait et que lui aurait presque préféré voir la pandarène à la tête de tout cela, à défaut de lui-même, chose qu'il savait totalement impossible. Devoir dépendre de ces gens-là lui pesait tant quant à la protection de SA famille. Et comment protéger sa famille avec un Noventa buté, une Elyssae éthérée et une Casena trop jeune et sans maîtrise encore. Mal entouré. Les Murmures reprenaient la voix de son ancienne amante. Leanor gémit dans son sommeil, agitée. Il chassa les Murmures, se concentrant sur la Chant. Il berça l'esprit de sa future épouse. Tout ira bien. Il devait s'accrocher à cela. Un simple impondérable. Un obstacle de plus. Noventa gravement blessé. Diane à peine mieux. Un Keniel humilié, au mieux. Lui enragé autant contre lui-même que contre les autres. Il gronda de nouveau et Leanor ouvrit les yeux. Qu'y a-t-il mon amour ? Rien. Rien de grave. Rendors toi. Elle lui offrit de ses si jolis sourires. Elle était sa force. Un simple contretemps, mais le temps était bien ce qu'il n'avait pas. Dorian l'avait dit à Jinstuki. La moniale l'avait bien compris, mais comme avec ce peuple, impossible de savoir s'ils prenaient ceci ou cela au sérieux, important ou frivole. Seule la nourriture l'était en apparence. Sa main se posa sur la joue de la jeune femme endormie à ses cotés. Pourquoi vous battez vous ? Là était la question des pandarens. Lui se battait pour elle. Pour toujours et à jamais.

Nausée

Le Sorcier jaugea le Parjure à l'aune de tout le dégoût que lui inspirait ce dernier. Il semblait encore plus morose qu'à l'accoutumé, comme si cela fut possible. Le Seigneur de Roncesang se fichait bien des états d'âme de l'intendant-apprenti-traque-nuit … Ridicule. Parjure, c'était bien là ce qui définissait, selon Dorian, William Telos, serviteur de ces dames. Il grinça des dents en le voyant là, des jours après l'agression. Lui qui l'abreuvait de je fais cela pour protéger Leanor, ce n'est pas contre vous avait simplement envie de vomir en le voyant planté là. S'il avait été la moitié de ce que William voyait en lui, Dorian l'aurait au choix étripé, terrorisé au point de le réduire à l'état de légume ou simplement mis en geôles pour le reste de ses jours. Le Parjure était au trois quart responsable, selon Dorian, de l'état de Leanor. Avec sa volonté de l'éloigner dès le premier conseil de guerre sur le Tel'amar. Premier et unique. Bien gentil d'éloigner ceux qui s'intéressent et voient le danger de loin, si au moins on prend la relève. Il était manifeste que rien n'avait été fait. Les traque-nuits avaient simplement laissé faire les Tel'amar ce qu'ils voulaient. Que voulaient-ils d'ailleurs ; Voilà qui était à la fois primordial et totalement vide d'intérêt. Dorian avait été motivé par le combat contre les Papillons de Sang, avant. Il n'avait maintenant qu'une idée fixe : récupérer Leanor. Il caressa la joue de l'endormie en fixant le Parjure. Le Parjure du Fjord ricana-t-il intérieurement. Il était beau, le héros de Casena. Elle qui le voyait comme un rocher n'était qu'une planche pourrie. Dorian en était même venu à douter de cette histoire. Sans doute un mensonge de plus pour William Telos. Par Elune et tous les Anciens, qu'il retourne à Hurlevent s'occuper des voleurs de poules et des jeune filles tristes ! Qu'il laisse les vrais dangers aux vrais chasseurs. Le Seigneur de Roncesang secoua la tête. Pouvait-il se permettre de refuser de l'aide même si la seule vue du pitoyable gilnéen lui donner la nausée ? Leanor avait confiance en lui. A tort, il le savait. Il lui dirait pourquoi quand elle reviendrait. Il dirait tout ce qu'il savait. Le fardeau lui pesait de plus en plus. Et puis … cela impliquait que peut-être il y avait des traîtres au sein des gens de Leanor et Meleth. Le Parjure avec ses enquêtes sur toute autre chose que des mages noirs, sa volonté d'éloigner Dorian qui était de fait un obstacle entre Mendar et sa fille, et cette façon de geindre sur tout et n'importe quoi. Dorian ferma les yeux. William prendrait ça pour de l'indifférence ou du repos. C'était bien du dégoût et de l'écoeurement. Peu importait ce que pensait William de Parjure, qu'il aille se faire tuer. Que ce ne fusse lui que Mendar eut pris en otage hier plutôt qu'Alice. La chose aurait été vite réglée ! Dorian ravala la bile qu'il lui brûlait la gorge. La nausée.

Il entendu à peine le Parjure dire qu'il allait traquer Andresis. Bon sang, mais la communication n'était décidément pas le fort de ces traque-nuit ! Deux jours que Kheniel déjà pistait l'alchimiste. Et lui arrivait comme une fleur pour dire je fais ceci, je prend en charge cela. La mâchoire serrée, Dorian, ralenti par sa nausée et le dépit n'eut pas le temps de lui dire qu'il y avait déjà quelqu'un sur cette affaire ! Quelqu'un de fiable, de compétent, de … professionnel. Si Kheniel reparaissait, il demanderait qu'on survielle le Parjure, qu'on vérifie et revérifie chacune des informations qu'il donnerait. Si possible, qu'on lui donne un binôme, puisque c'était l'usage chez les traque-nuit !

Une fois le worgen parti, Lord Hawthorn se précipita à la fenêtre pour vomir vraiment ...

Premier Contact - Azel

Premier contact

La sin'dorei avait perdu connaissance. Peut-être avait-il trop tiré sur la corde. Il était aussi sans doute courant que les mourants puissent être fatigués et tombent parfois de sommeil. Surtout après qu'on leur ai ponctionné quelques galons de sang. Lithine vint chercher la matériel, grimaçant en portant le pot de chambre au fond remplit de ce que l'elfe de sang avait rendu. Pas grand chose au final selon la servante. Le Maître y voyait lui un trésor. Une humeur. Le Sorcier posa son regard sur l'elfe endormie, songeant à une toute autre personne, endormie aussi. Elle ne dort pas, secoua-t-il du chef. Elle est prisonnière, effrayée, seule, torturée sans doute. Non elle ne dort pas. Sans doute les deux parentes ne dormaient-elles pas ni l'une ni l'autre en fin de compte. Il tira la couverture sur l'elfe. Demain il faudrait la baigner et lui retirer cette armure. Lentement, les pièces d'un puzzle sombre se mettait en place. Il balaya un Chuchotement lui ordonnant de la tuer. Un autre par contre lui suggérait de ne jamais tenir sa promesse si son plan fonctionnait. Une telle servante … Il chassa l'idée en grondant. Lithine recula, de la terreur dans le regard, croyant que ce fut pour elle. Ce l'était peut-être d'ailleurs, les Chuchotements se faisant plus assidus en présence de la domestique. Il se repassa les images de la soirée

***

Il fut étonné de voir tant de gens avec si peu au courant de ce qu'ils venaient faire ici. Il n'était responsable de rien mais dût tout expliquer. L'absence de Redresseur de Torts fut une pierre de plus à rajouter au relâchement de ces gens-là. Il aurait, à n'en point douter une bonne raison que Dorian accepterait sans broncher, n'en pensant pas moins.Il regretta presque l'absence de cet elfe qui était au chevet de Leanor avec qui il avait enfin créé un contact au moins. Les deux draenei suintaient la supériorité propre à certains de leur race. Il ne comprenait pas que ces gens quittent l'Exodar ou Shattrath s'il détestait tant que cela le reste du monde. La pandarène était bonhomme, comme la plupart des pandarens. L'hadatti était celui qui au final lui inspirait le plus de respect. Il y avait quelque chose de rassurant, étrangement, dans son calme et sa dureté. Parti en éclaireur, il se contenta de les héler une fois passer la grille de manoir encore en bon état. La cours grouillait. Dorian tiqua. Une démarche absence, des borborygmes propres aux mort-vivants les moins évolués.  C'est en humant l'air qu'il remarqua que quelque chose n'allait pas. L'odeur de putréfaction était là, mais dans les murs, ancienne, et bien trop ténue aux vues du nombre de créature qui arpentaient les pavés moisis de la cours fermée. Au loin une lueur dorée que son élémentaire repéra de suite, les yeux avides. C'est en approchant qu'ils constatèrent qu'en fait de non-mort ils avaient des vivants. Du moins on les considérait souvent vivants : des déshérités. Leur nombre impressionna le Seigneur de Roncesang alors qu'on disait partout que la plupart avait été exterminés. Il savait pourtant qu'une poche restait dans les Maleterres et que d'autres arpentaient les terres autour du Puits Solaire. Il y en avait bien plus que 43 ou 12 ! Déjà les Draenei se frayaient un passage à travers la masse grouillante alors que l'hadatti plus malin passait par les toits pour atteindre le cœur du problème, cet œuf pulsant de chaleur. Après quelques instants dans le combat il maugréa et prit conscience que la présence des deux paladins d'Argus lui embrouillait l'esprit, il était moins vif. Il aurait du songer à créer une porte pour éviter la masse de déshérités qui les ignorait et rejoindre le Kaldorei. Il avait aussi cette pression de suivre leur méthode pour ne pas perdre leur appui en se montrant par trop dirigiste. Il se sentait éteint, étouffé par les vous n'êtes pas le chef, vous n'avez pas de droits et vous êtes toléré. Sa femme en danger, sa présence d'esprit pour la récupérer et tant de choses qu'il avait vu venir. Ses pires craintes en fait. Et voilà ce que donnait les méthodes de ces gens-là. Il se contenta de suivre, observant et surtout dans un flou étrange de par la débauche de Lumière.

Devant l'oeuf enfin, sans aucune blessure, il fallut déjà reculer alors que la chose enflait et pulsait tant que tous songèrent à un décompte. L'explosion ne surprit donc personne, mais y trouver une elfe de sang en armure rouge n'était pas vraiment ce qu'attendait le gilnéen ; Il songeait plutôt à une création grotesque de l'alchimiste androgyne. Il reconnu rapidement Azelh, qui était … la personne qui avait guider Amir ici. Il voyait le chausse-trappe énorme comme le Mur de Grisetête mais le regard triste de la sin'dorei lui cria que c'était là sans doute pire encore. Mais tout allait au ralenti, dans son esprit … n'arrivait pas à agir vite, à être proactif. Déjà la jeune draenei ordonnait et menaçait alors que Jinstuki en étant déjà à se faufiler pour lui mettre un coup de masse, avec pour intention, heureusement, de mettre l'elfe hors combat. Reste que cela tourna vite à l'affrontement plutôt qu'à une analyse de la situation à a une tentative de trouver où cela clochait, car cela clochait. Le Sorcier le sentait en lui sans parvenir à savoir ce qui n'allait pas, et ce n'était pas en agissant comme tous agissaient que la chose se débloquerait. Dorian suivit le mouvement, car il n'était hélas que capable de suivre. Et c'est là ce qu'on lui avait demandé, finalement en lui signifiant bien qu'il n'était responsable de rien. Des ordres se bousculaient dans sa tête, et l'effort pour ne pas les hurler à ces idiots ralentissait d'autant plus ses réaction. Il était à la traîne, agissant après tout le monde, réagissant plutôt même. Il tenta de se donner un coup de fouet. Une présence. On les observait. Il décida de tenter de bannir la présence sombre. Enfin une réaction intelligente de sa part. Il évita de se faire transpercer plein dos par la Lame de Sang qui se muait par magie jusqu'à sa maîtresse maintenant totalement impossible à apprivoiser. Il se rappela alors qu'il avait l'intention de récupérer cette lame, d'ailleurs. Comment avait-il put oublier cela. Il gronda de nouveau. Contre lui-même comme contre tous les autres, alliés ou adversaires. Ce fut ce moment que choisit la draenei d'ailleurs pour marquer son allégeance aux Tel'amar et lancer toute la puissance de ses soins magique sur l'elfe de sang presque hors jeu un instant plus tôt. Dorian gronda. Il savait que placer des pions noirs parmi les pions blancs était une évidence que Mendar devait maîtriser à la perfection. C'est ce que lui ferai … c'est en ayant yeux et oreilles au sein de ceux qui vous chassent ou que vous chassez que vous pouvez prévoir leurs mouvements. Il pensa un instant à son maître-espion, puis une nouvelle onde de Lumière le ramena à la réalité. L'élémentaire de nuit se désagrégeait à force d'être soumis à telles énergies. Dorian ne voyait là nulle maîtrise digne d'un Exarque mais une débauche d'énergie qui ne tenait en aucun cas compte des alliés en place. La meilleure chance des Tel'amar était là sans doute : les susceptibilités des Traque-nuit et leurs alliés. Dorian enfonçait la sienne loin dans son cœur, pour Lenaor. Il ne doutait pas qu'à force de voir de tels comportement, il finirait par en avoir la nausée, son orgueil coincé dans sa propre gorge. Dans un éclair de lucidité, il sut quoi faire pour contrer la Draenei possédée, il en était sûr, par la chaîne d'or  propulsée par Azelh et qui l'avait étreinte avant cela. Il invoqua deux Limiers Nocturnes qui pourraient absorber la magie contenue en la jeune Redresseur de Torts, quelqu'en soit la nature. Il senti les poils de sa nuque se hérisser. Une vergence dans la Nuit. Des remous dans les ombres. Il leva les yeux vers l'entrée avait même que les deux silhouettes ne se profilent. C'était là les véritables ennemis. Ceux qui observaient. Ceux qui testaient. Ceux qui gagnaient, force était de le constater. Tandis qu'Azelh paraissaient redevenir elle-même, les deux Tel'amar enjoignaient leur nouvelle recrue à les suivre tout en se débrouillant pour le faire. Tout outil est jetable pour eux. Tout être qui n'est pas eux est un outil. Comme il comprenait cette mentalité retorse, lui à qui on avait voulu imposer ce mode de pensée. Lui qui pensa même ainsi avant la Cataclysme. Penser comme eux, voilà une chose qu'au Exarque ne pourrait jamais faire ! Voilà pourquoi ils avaient perdus ce soir. Le worgen posa son regard rouge-rubis sur la paladine sin'dorei mourante. Ils avait abandonné un outil plutôt que de le détruire. De deux choses l'une : soit l'outil était piégé, soit ils avaient une erreur. Il pria Elune que ce fut à seconde option la bonne, ne laissant pas voix qu chapitre pour récupérer l'outil et en user à sa façon.

***

Il pressa Azelh Tel'amar de questions. Il chercha à savoir pourquoi elle disait ceci ou cela, si elle parlait de son propre chef ou si elle était la voix de Mendar. Pacte de sang, lien, inceste … le reflet de sa propre famille. Il en comprenait chaque rouage. La place des bâtards, les plans de reproductions à long terme dont il était l'ultime résultat. Il éprouvait de la compassion pour cette elfe de sang mourante, partagée entre ses propres aspirations et les devoirs qu'elle ou son cousin lui imposait d'une manière ou d'une autre. Le seul devoir de Dorian pour l'heure était de sauver Leanor. Plus qu'un devoir, un besoin impérieux. Toute sa volonté et sa fureur se focalisaient sur cet objectif à court terme. Il était hors de la question de laisser Leanor aux mains de son père. M'entends-tu mon amour, songea-t-il. Entends moi, je ne te laisserai pas, jamais !

***

Le maître-alchimiste distillait. Il n'avait besoin que de quelques centimètres cubes de sang. Il extrayait  par sublimation les produits qu'Andresis avait conçu. Il aurait besoin de l'aide de Lancefer pour analyser tout cela vite. Seul, il en aura pour trop de temps. Les neuf générations d'alchimie Roncesang étaient à l'oeuvre. La Voie de Rose, les Oeuvres, tout cela prenait son sens dans cet ouvrage. Dorian était doué, le plus doué de tous. On frappa à la porte. Lithine.

- Maître, les caisses sont arrivée.
- Bien … fort bien. Prépare l'elfe, baigne la et retire lui son armure.
- Bien Maître.
- Oh, et trouve moi la jeune Caséna. En vitesse !

La servante se retira tandis que trois hommes robustes déposaient ces trois caisses qui suivaient Lord Hawthorn depuis son retour de Pandarie. Alors que l'un des hommes ouvrait la première avec un pied de biche, le Seigneur ordonna aux deux autres d'en déverser le contenu sur la table qu'il avait préparée à cet effet. Une table robuste, assez longue pour accueillir quatre personnes à leurs aises et large comme les épaules d'un tauren. Sur son périmètre, un rebord de deux pouces et une rigole. Les deux manouvriers furent surpris de déverser une boue épaisse et brillante d'humidité. De l'argile. L'alchimiste se débarrassait déjà de son plastron de cuir. Les trois caisses suffiraient, il le savait. Il avait un tout autre projet, au départ, pour cette glaise. Il ne comptait pas agir dans l'urgence. Il en comptait pas gâcher ainsi ses ressources pour une création qui serait imparfaite. Il n'avait que deux humeurs sur les six ou sept qui faisaient le Mercure. Il avait le principal, le primordial. Cela fonctionnerai, pour un temps. Il songea à sa prisonnière. Un outil … un outil seulement. Il pleurait en massant la glaise, lui donnant forme.

mardi 26 août 2014

Couronnement

Couronnement

Noir. Cheveux noirs. Regards noirs. Rideaux noirs. Un freux sur le rebord d'une lucarne grise. La mort est là et l'oiseau noir le sait. Le jeune seigneur a le visage fermé. Si c'est pas malheureux murmure-t-on avec compassion. Après sa mère, voilà qu'il père sa tante et son père le même soir. Les visages compassés. Si c'est pas malheureux, cette famille est maudite. Les échos du passé. Si c'est pas malheureux ?

Noir les draps. Noir le cercueil, en bois d'ébène. La chambre sera murée à la demande du jeune seigneur. Telle quelle, sinon les les draps noirs qui recouvrent tout. Une main blafarde passe dans le col de renard argenté d'un manteau. Son manteau, celui qu'elle aimait tant. Un long soupire. Un frisson. Les poils du cou qui se hérissent. La colère. Fébrile, trouver la potion, une longue rasade et voilà que les choses se calment. Il se calme. Comment faire maintenant. Que faire ? Cela fait des années qu'il est prêt et là il voudrait simplement partir loin et tout oublier. Les alambics, les pentacles, la Nuit, son Chant et ses Murmures. Un coup de bec au carreau de la grande baie vitrée. Les bottes de cuir noires avancent. Une main blanche ouvre alors. Le froid s'engouffre. Frisson. Songe de fourrure. Cheveux raides et noirs qui se balancent sur les épaules de velours pourpres. Ne pas espérer la fourrure, non. C'est bon pour les cols des manteaux des dames ou des capes des seigneurs. Un jeune corbeau. L'oeil rond fixe le jeune seigneur. Il s'y voit, à peine déformé. Comme il fait peur. Ce visage fermé. Ces cernes noires. L'oiseau est presque une touche de couleur tant cette pièce est sinistre. Il sautille et le nouveau seigneur laisse faire. Toujours depuis les origines de la famille, on respecte les corbeaux, surtout en jour de deuil. D'un bond qui serait prodigieux si le corvidé n'avait pas battu les ailes pour tricher, il se retrouve sur l'épaules du seigneur. Croâââ !

Noir le cadavre. Noire l'urne pour les cendres grises de Grey Hawthorn. Le seigneur précédent sera brûlé. C'est nouveau. Personne n'a vu le corps. Ou personne ne dit l'avoir vu. Personne n'ose l'avoir vu. Avec son oiseau sur l'épaule, le fils passe dans les appartements de son père. Tout est vidé. Tout est nettoyé, de fonds en combles. Avec minutie. Avec acharnement. Il ne reste que le portrait qui trône au-dessus de la cheminée avec ce ruban noir. Monsieur, au ça avait-on insisté. Tout le monde savait les tensions, mais il fallait faire comme si de rien. Le retour de l'héritier de son voyage hors de Gilnéas tombait à point après le drame de la nuit précédente. Les mauvaises langues diront bien entendu que c'est un drôle de hasard, quand même ! D'autres affirmerons que jamais un Roncesang ne tue un Roncesang, jamais ! C'est impossible. C'est là le plus grand crime. Y songer même est blasphématoire. Le jeune seigneur écoute les chuchotements. Qu'est-ce que c'est que ce corbeau, encore une lubie. Cet œil rond qui inspecte tout le monde. La scène est jugé satisfaisante par l'oiseau. Froissement de lourde étoffe. Le seigneur bouge et c'est comme le vol lourd d'un gros et gras corbeau gavé d'yeux de pendus. C'est macabre quand on y pense. Seulement quand on y pense. Sinon c 'est qu'un gros et gras corbeau. Sinon ce n'est qu'un jeune seigneur en deuil de son père et sa tante.

***

Le lendemain, il siège. Il a ceint la couronne. Il a ce même manteau. Il boit cette même potion dans un grognement sourd. Et toujours maintenant cet oiseau. Ebène. Comme le cercueil noir de Raven Hawthorn plongé en terre. Ebène qui jacasse et se moque. Le cercueil noir a été descendu avec des cordes blanche. Ebène a claqué du bec sur l'épaule du neveu perclus de tristesse. Le cercueil noir a été couvert de la terre de la Forêt. Et droit comme un pin, le jeune seigneur était là a recevoir les condoléance, à remercier. Et ne pas pleurer. A prendre un gorgée de potion pour que ne surgisse pas devant tous le meurtrier. La bête.

Bien entendu, c'était une vengeance. Une réaction normale. C'est justice que Grey Hawthorn finisse dans cette urne noire et rouge. Le feux sur l'épaule du jeune homme est bien d'accord avec cette justice. C'est la rançon que d'avoir jouer avec le feu ; jouer avec la bête. Celle de la cave, qu'on entendait parfois, on ne l'entend plus depuis le retour du jeune seigneur. Sans doute s'en est-il débarrassé. Il y a assez d'histoire au manoir sans se rajouter une bête mystérieuse. L'oiseau noir est bien d'accord avec cette remarque. C'est une nouvelle ère. Les révoltés du Mur, les histoires de battues dans les bois, les rumeurs venant du domaine D'Argelaine. Et le Tueur de la Pleine Lune, à la Capitale, en avez-vous entendu parler ? Non, Ebène n'en a rien sut. Le jeune seigneur lui s'en fiche, il boit une rasade de sa pharmacopée. On ne peut-être que malade avec la tête qu'il a, c'est sûr.

 
Voilà le neuvième Seigneur de Roncesang, Dorian Hawthorn. Le voici avec sa potion, son corbeau et les ombres qui se meuvent dans le sillage de son riche manteau de noble de la Forêt Noire. Le voici, avec son héritage, dernier de sa race. Sorcier secret d'un art perdu. Alchimiste mystique. Triste comme la tombe de sa mère où jamais il ne va. Mystérieux comme celle de sa tante où il pleure celle qui fut son mentor. Oublié comme cette urne qu'il laissera dans un coin du manoir à prendre la poussière. Le voici, qui est l'Enfant que la gangresylve Lith devra guider pour qu'il accomplisse la destinée de son aïeule et tienne les promesses faites. Le voici qui avance vers son destin.