Le Domaine
C'est à la lisière de la Forêt Noire que l'on peut apercevoir la bâtisse. Ancienne, de vielles pierres. Sur son promontoire, on imagine une petite maison dotée d'une tour au toit pointu. C'est typique de l'architecture gilnéenne tout en étant incongru dans son application. Plus on approche plus le bâtiment gagne en masse mais on peut remarquer un cœur à ce manoir. Comme une maisonnette, ou même une bergerie qui serait l'origine de tout. On aurait construit tout autour d'une simple masure, ajouter des tours, des gargouilles,d es murs, des nouvelles pièces au fil du temps ce qui donne l'impression d'une construction organique. On contemplerait presque le temps qui passe en voyant les différents styles, les pierres d'ages différents. Pourtant l'ensemble est d'un esthétisme improbable, presque inquiétant, comme si tout cela était sortit au final du même esprit un peu fou.
Quand on vient de la
capital, on prend une route maintenant pavée presque tout du long.
Il faut pourtant choisir de passer par la porte est ou ouest. Il n'y
a pas de route directe du nord. Certains pense qu'il n'y aura jamais
de pont ni aucune route qui fera le lien entre la Cité et le Domaine
des Roncesang à cause des rumeurs. Et puis se serait une porte
ouverte sur la Forêt Noire et ses légendes. Des créatures, des
sorcières, des ombres, des bêtes. Non, la Cité est loin de tout
cela. La Domaine par contre est à la naissance des bois sombres. Du
haut de la tour, on voit la ville au Nord et les arbres tordus au
sud. Et on frissonne à la fois inquiet et curieux.
Le jour, il y a du monde
sur les routes. Parfois un chariot vient de la vielle mine. On sait
qu'il vient de la mine car il y a toujours un Hawthorn en arme pour
monter la garde. Droit sur un cheval noir. Sanglé le plsu souvent de
cuir sombre. L'air grave. Pour protéger trois pauvre pierres vomies
dans le sang et les larmes par une demie douzaine de vieillards
tuberculeux. La fierté de la famille ! Et en effet les Rubis de
Roncesang sont connus dans tout Gilnéas. Du moins des connaisseurs.
On raconte d'ailleurs qu'il n'y en aura plus de ces fameux rubis. On
dit même qu'en alchimistes de génies, les Hawthorn fabriqueraient
leur pierres précieuses et feraient croire que la mine est toujours
active ; On dit tant de choses.
Si la mine fut la fortune
première de ces gens, c'est maintenant le bois qui les garde en vie.
Le bois de la forêt. Ils l'exploitent mais le respectent avec une
telle excentricité qu'on se demande comment ils font, une fois de
plus, pour en tirer un tel bénéfice. On vous dira que seul les
essences les plus rares, les plus précieuses sortent des Scieries de
l'Aubépine. C'est ainsi que se nomment les trois vétustes
installations de la forêt domaniale des Roncesang. Il y a là de
nombreuses familles qui travaillent. Ingénieurs hydroliques,
bûcherons, cuisinières, même un sorcier des moissons. Le vie est
dure aux scieries. Il y a souvent des drames. Travailler dans la Forêt
est dangereux. Il y a des bêtes qui rôdent ; Même pire que
des bêtes, parfois ! Sans compter les accidents. Les rumeurs,
encore. On dit qu'il ne fait pas bon être une jolie jeune fille. Les
plus riches, les contremaîtres, envoient leurs filles travailler en
ville. Loin. On sait que de jeune hommes aussi se perdent dans les
bois. Ils entendent une musique. Un rire. Les enfants ont des
instructions : ne pas suivre leurs envies de sucreries. Pourtant
il y a toujours un plus courageux ou plus inconscient, une plus
délurée ou irraisonnée qui cueillera une fleur vénéneuse au
parfum sucré, qui ira jouera avec un lutin au nez crochu qui fait
des blagues scabreuses. Quelle folie. C'est une chance de les
retrouver sans esprits, la bave au coin des lèvres et le regard
vide. Parfois on ne trouve qu'une flaque de sang. Et aussi, des fois,
on en retrouve aux bras d'un ou une Hawthorn. Ils ont de belles
toilettes. Ils restent parfois plusieurs années. Certaines se font
engrosser, d'autre même épouser. Ils ont alors le regard brûlant
des Seigneurs du Domaine. Ils savent. Les secrets, les choses
cachées, les monstres, les rumeurs, la famille. Ils savent et cela
leur plaît ! Ils sont séduits, charmés, ils se fichent de
leur vie d'avant. Ils sont fiers.
Le Domaine est détruit
maintenant. Il n'y a plus de gens, plus de mine, plus de scieries.
Les ruines du manoir trônent sur leur promontoire, envahies par les
ronces. A moins que les ronces ne protègent le domaine et ses
secrets ?
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